Comment fonctionne le logement inclusif ? Combien ça coûte ? Comment trouver un habitat inclusif ?
Avec l'habitat inclusif, le « vivre ensemble » est à l’honneur ! Véritable alternative à la vie en EHPAD ou en institut spécialisé, ce nouveau type de logement partagé plaît aussi bien aux personnes âgées qu’aux personnes en situation de handicap.
Chaque résident a son propre espace de vie privée, mais profite également des espaces communs et des activités proposées en groupe.
Le logement inclusif n’est pas qu’un simple domicile : la création d'un projet de vie sociale et partagée est indispensable. Taï-chi, séance de cinéma, musée, brocante, fête d’anniversaire… Des sorties et des animations sont ainsi mises en place à l’intérieur et à l’extérieur de l’habitat afin de rompre avec l’isolement et l’exclusion sociale et prévenir la perte d’autonomie.
Mieux encore, il n’y a pas de critères d'éligibilité pour entrer dans un habitat inclusif. Les ressources, le niveau d’autonomie ou d’invalidité, l’âge ne sont donc pas pris en compte. Seules l’envie et la motivation importent !
Côté coût, le prix du loyer en habitat accompagné varie suivant les régions. En effet, les tarifs ne sont pas réglementés et s’alignent sur ceux du marché. Toutefois, il est possible de bénéficier de certaines aides comme l’APA, la PCH ou encore l’APL.
Enfin, pour trouver une place en habitat inclusif, il ne faut pas hésiter à contacter sa mairie, son département ou se rapprocher d’un point d’information local dédié aux personnes âgées. Ce type de résidence reste encore marginal même si l’offre devrait s’étoffer d’ici quelques années.
Habitat inclusif : qu'est-ce que c'est ?
Également appelé “logement inclusif” ou “habitat accompagné, partagé et intégré à la vie locale” (API), l’habitat inclusif est une alternative au maintien à domicile et à la vie en établissement (EHPAD par exemple) des personnes âgées et des personnes en situation de handicap.
Ce type d’habitation regroupée est souvent à l’initiative d’associations, soutenues ensuite par les collectivités locales et territoriales, et les bailleurs sociaux. Leur nombre reste encore faible à l’heure actuelle, mais le parc devrait s’étendre dans les années à venir grâce aux actions mises en œuvre par les pouvoirs publics.
Concrètement, un habitat inclusif peut prendre différentes formes selon le degré d’autonomie de ses habitants et de leurs besoins. Cela peut être :
- Des studios ou des T1 regroupés au sein d’une même résidence, et offrant un espace de vie collectif (jardin, réfectoire, etc.) ;
- Des logements individuels de plain-pied (pavillons) regroupés autour d’un espace commun (local collectif, place extérieure, etc.) ;
- Des chambres au sein d’une grande maison avec des pièces communes (salle de bain, salon, cuisine, etc.).
Dans tous les cas, nous retrouvons la même typologie : chaque habitant possède son espace de vie individuel (meublé ou non) et partage des espaces communs, ainsi que des activités avec les autres résidents. Le « vivre ensemble » est la clé de voûte de ce type de logement. Mais ce qui différencie véritablement l’habitat inclusif des autres alternatives à l’EHPAD ou au placement en établissement spécialisé, c’est le projet de vie sociale et partagée.
En outre, les habitants peuvent être locataires, colocataires ou propriétaires et restent peu nombreux (en moyenne, entre 5 et 10 personnes même s’il n’existe pas d’obligation légale en la matière).
Les objectifs et les intérêts de ce type de logement sont donc multiples. Ainsi, les résidents :
- Ont leur propre espace de vie privatif, adapté à leurs besoins et au grand âge (pour les seniors) et peuvent conserver leur indépendance.
- Partagent des espaces de vie commune et évitent l’isolement social.
- Participent à des activités et animations en adéquation avec le projet de vie sociale et partagée qu’ils ont construit ensemble.
- Ont la possibilité de solliciter des services d’aide et d’accompagnement à domicile, des services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) ou encore des services d’aide et de soins à domicile (SPASAD).
- Vivent au cœur des villes et villages, à côté des commerces, des services de santé, des services publics et des transports en commun afin de s’intégrer à la vie citoyenne.
Bon à savoir : les résidents de l’habitat inclusif qui perçoivent la Prestation de compensation du handicap (PCH) ou l'Allocation personnalisée d'autonomie (APA) peuvent même décider de mettre en commun tout ou partie de leurs allocations afin de financer des services collectifs, comme la présence d’une auxiliaire de vie 24 h/24 par exemple.
Projet de vie sociale et partagée de l'habitat inclusif
L’habitat inclusif n’est pas qu’un simple toit pour les résidents senior ou en situation de handicap. Ces derniers s’engagent dans la construction d’un projet de vie sociale et partagée et bénéficient d’un accompagnement complet par un animateur spécialisé.
Le projet de vie sociale et partagée : la base de l'habitat inclusif
Défini par la loi ÉLAN
(Évolution du logement, de l’aménagement et de la transition numérique) du 23 novembre 2018, le projet de vie sociale et partagée est le fondement de l’habitat inclusif.
Il fait même l’objet de deux financements particuliers :
le forfait habitat inclusif et la prestation d’aide à la vie partagée. Ces derniers permettraient de booster la création de ces logements si caractéristiques et tant appréciés des résidents.
Le projet de vie sociale et partagée est imaginé et construit à plusieurs : tous les habitants ont donc leur mot à dire. Il doit satisfaire tout le monde, et ce, sur le long terme. Pour ce faire, ceux-ci sont consultés régulièrement afin de faire évoluer le projet si cela est nécessaire, au fil des besoins de chacun (perte d’autonomie notamment).
De manière plus concrète, le projet de vie sociale et partagée passe par la mise en place d’activités et d’animations à l’intérieur et à l’extérieur du logement.
Voici quelques exemples :
- Des activités de convivialité (jardinage, brocante, fête d’anniversaire, partage du repas, etc.) ;
- Des activités sportives (marche, yoga, danse de salon, taï-chi, etc.) ;
- Des activités ludiques (atelier mémoire, sudoku, revue de presse, etc.) ;
- Des activités culturelles (musée, cinéma, théâtre, etc.).
Le projet de vie sociale et partagée a plusieurs buts et ne manque pas d’intérêt :
- Il favorise le « vivre ensemble » et permet de créer et renforcer les amitiés entre habitants.
- Il développe de manière structurée et collaborative la vie collective au sein de l’habitat inclusif pour éviter l’isolement social ou les mécontentements.
- Il permet aux résidents de s’intégrer dans la vie de leur commune et par conséquent, de lutter contre l’exclusion sociale de par leur âge ou leur handicap.
Bon à savoir : un animateur salarié peut être présent pour accompagner les résidents dans la mise en œuvre de leur projet de vie sociale et partagée. En revanche, attention, ce dernier n’assure que l’accompagnement collectif des habitants.
L'accompagnement des habitants d'un logement inclusif
L’accompagnement des résidents en habitat inclusif s’articule autour de 4 axes. Chacun sera plus ou moins travaillé suivant le projet de vie sociale et partagée.
1) La veille
Il s’agit ici de sécuriser un maximum la vie à domicile des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. Pour ce faire, il faut assurer le repérage des éventuelles difficultés de chacun, mais également l’assistance en cas de souci ou pour gérer les situations de crise.
Le niveau de cette veille dépend des besoins de chacun et peut être réalisé par :
- Les résidents eux-mêmes ;
- L’intervention d’une aide à domicile la nuit ou 24 h/24 ;
- La conception architecturale du bâtiment et des logements ;
- Les outils techniques (télésurveillance, domotique, alarme, etc.) ;
- ...
2) Le soutien à la convivialité
La convivialité est le fer de lance des habitats inclusifs. Elle joue un rôle essentiel dans la prévention de la perte d’autonomie et du repli sur soi, minimise le risque d’isolement et d’exclusion et maintient le lien social.
Il est donc primordial de s’assurer que la convivialité reste maîtresse en la demeure grâce à :
- L’organisation d’activités et d’animations collectives ;
- L’intégration des familles et des proches ;
- La visite d’intervenants internes ou externes ;
- La présence de bénévoles ;
- ...
3) Le soutien à l'autonomie
Pour vivre le plus longtemps en habitat inclusif et éviter l’EHPAD ou les établissements spécialisés, les personnes âgées ou en situation de handicap doivent rester autonomes.
C’est pour cela qu’il est possible de se faire aider, de manière individuelle ou collective, pour :
- Le ménage ;
- La préparation des repas ;
- La toilette ;
- Le lever et le coucher ;
- ...
4) L'aide à l'inclusion sociale
Mener une vie citoyenne, être intégré au sein de la société… Deux objectifs primordiaux aux yeux des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. C’est pourquoi il est indispensable de leur assurer l’accès aux services publics, aux soins, à la formation, à l’emploi, à la culture et aux loisirs.
Cela peut passer par :
- La diffusion d’informations ;
- L’aide et l’accompagnement dans toutes les démarches administratives ;
- Le soutien informatique ;
- La mise en relation avec les interlocuteurs compétents (assistantes sociales par exemple) ;
- …
Logement inclusif : qui est concerné ?
Contrairement à la résidence autonomie ,
l’habitat inclusif est ouvert à toutes les personnes intéressées par ce mode de vie mi-individuelle, mi-collective :
- Personnes âgées ;
- Personnes souffrant de pathologies spécifiques (autisme, maladies neurodégénératives, etc.) ;
- Personnes en situation de handicap ;
- Personnes handicapées présentant des difficultés particulières (mobilité réduite, surdité, etc.).
Il n’y a aucun critère à respecter : pas d’orientation nécessaire de la part de la MDPH pour les personnes handicapées, ni de niveau GIR spécifique pour les seniors, pas d’âge minimum ou de catégorie d’invalidité minimum ou maximum. Le fait de ne pas être éligible à la PCH ou à l’APA n’est pas non plus rédhibitoire. En fait, les habitats inclusifs s’adaptent aux profils des futurs résidents.
Habitat accompagné : combien ça coûte ?
Puisqu’elles sont majoritairement locataires ou colocataires, les personnes âgées ou les personnes en situation de handicap qui vivent dans des habitats accompagnés paient un loyer et des charges locatives chaque mois. Leur montant est défini dans le bail qu’elles ont signé.
Le prix d’un habitat inclusif est très variable. Et pour cause, il ne s’agit pas d’un établissement médico-social et en tant que tel, ses tarifs ne sont pas réglementés par le conseil départemental, mais par l’offre et la demande de l’immobilier local. Il faut donc s’attendre à débourser autant qu’un bien de la même surface, dans le même quartier.
Parmi les autres frais de ce logement partagé : les coûts de l’aide à domicile et de l’animateur salarié qui gère le projet de vie sociale et partagée, ainsi que ceux des équipements communs et des activités mises en place. Ces derniers sont généralement financés en partie par le forfait inclusif ainsi que l'aide à la vie partagée.
Si tous les résidents sont d’accord, il est aussi possible de mettre en commun l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) et/ou la Prestation de compensation du handicap (PCH) de chacun et de se servir partiellement ou en totalité de la cagnotte créée pour régler ces frais. Toutefois, le gestionnaire de l’habitat inclusif n’a aucun droit à imposer l’utilisation de ces aides dans un tel but : c’est au bon vouloir des habitants.
Pour faire baisser encore davantage la facture, les personnes âgées ou les personnes en situation de handicap qui vivent en logement inclusif peuvent bénéficier de certaines aides comme :
- Une aide au logement ;
- Une aide-ménagère ;
- Des aides de la part des caisses de retraite ;
- Des aides fiscales pour l'aide à domicile ;
- Une réduction d'impôt.
Bon à savoir : testez votre éligibilité à ces dispositifs, ainsi qu’à plus de 1.000 aides sociales grâce au simulateur gratuit.
Comment trouver un habitat inclusif ?
À l’heure actuelle, il y a peu d’habitats inclusifs en fonctionnement dans l’Hexagone. Toutefois, le parc devrait s’étoffer dans les prochaines années.
Vous voulez savoir s’il existe un projet de ce type près de chez vous ? N’hésitez pas à contacter :
- Votre mairie ;
- Votre département ;
- Un point d'information local dédié aux personnes âgées ;
- Votre MDPH ;
- Les associations locales du secteur social ou médico-social ;
- Les bailleurs sociaux.
Source : Aide-sociale.fr "Charlotte Beydon"