Cette priorité affichée du gouvernement d'offrir l'égalité des chances, passe sans aucun doute par la scolarisation des élèves en situation de handicap.
Ces paroles réconfortantes pour les familles d'enfants en situation de handicap qui vont être confrontées à la dure loi de la rentrée scolaire 2019-2020, ont été prononcées cette semaine par le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. C'est pour lui, un des points majeurs de cette rentrée.
Le même jour, la Secrétaire d'État chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, s'est félicité de constater qu'un vrai mouvement vers l'école de ces enfants allait dans ce sens.
Des mesures ont été prises: la création de pôles inclusifs d'accompagnement localisés (PIAL) vise notamment à mutualiser systématiquement les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), pour répondre au plus près aux besoins des élèves.
La rentrée est aussi marquée par l'arrêt des recrutements des AESH , 4.500 en plus cette année en équivalent temps plein en contrats aidés, au profit de CDD de trois ans renouvelables une fois, puis de CDI.
Tout au long de la semaine Mme Cluzel a multiplié les déclarations visant à réconforter, mais surtout à rassurer les familles pour qui, la rentrée scolaire est un vrai parcours du combattant.
Voici, selon la secrétaire d'état ce qui devrait changé pour cette année.
- Pour cette rentrée, 361 500 enfants handicapés seront accueillis en milieu ordinaire, soit 23 500 enfants en plus par rapport à l’an dernier, avec un taux de 86% à temps plein.
- Au-delà de cette augmentation, nous mettons en place des mesures pour offrir un vrai parcours, qualitatif, de scolarisation à ces enfants. C’est un changement en profondeur auquel le ministre de l’Éducation nationale et moi avons œuvré toute l’année en concertation avec les parents, les enseignants, les AESH (Accompagnants d’élèves en situation de handicap, qui ont remplacé les AVS), les associations, pour créer une palette de ressources pour tous les enfants handicapés.
- L’un des grands changements pour cette rentrée, c’est qu’on ne laisse pas les parents sans interlocuteur. Notamment avec une cellule d’écoute dans chaque département pour apporter une réponse à leurs demandes en 24 heures. On a également conservé le numéro national (Aide handicap école au 0 800 730 123) 100 % accessible pour les parents sourds, malentendants ou aphasiques. A la mi-juillet, il y avait eu 2 500 appels. On simplifie aussi la vie des familles, car il n’y a plus besoin de repasser devant la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées, qui donne accès aux prestations) tous les ans. Toutes les notifications seront valables pour un cycle scolaire – pour toute la maternelle, par exemple. C’est un énorme soulagement pour les familles.
- Aussi, et c’est une grande première, il y a un rendez-vous obligatoire entre l’AESH et les parents dans les jours qui suivent la rentrée. Imaginez-vous confier votre enfant à une personne que vous ne rencontrez pas ! On rétablit la confiance. D’autant qu’il y a une vraie expertise parentale qu’il faut écouter.
- On a levé tous les freins administratifs, les soins sont remboursés. Désormais, l’orthophoniste peut organiser ses temps de rééducation au sein de l’école. Pareil pour l’ergothérapeute, le psychologue… C’est du gagnant-gagnant pour la société : quand les professionnels se déplacent auprès de l’enfant, les parents peuvent reprendre un travail et arrêter de poser des RTT pour chaque rendez-vous. C’est une dynamique, une culture à construire entre médico-social et Éducation nationale qui va s’étaler sur trois ans. Reste qu’il y a des écoles qui ont des problèmes de locaux. Avec les dédoublements des CP, des CE1, il faut prendre en compte cette problématique de place.
- Pour cette rentrée 2019, 60 équipes vont tester le dispositif avant sa généralisation prévue à la rentrée 2020. L’idée, c’est qu’un duo, composé d’ un éducateur spécialisé et d’un psychologue, vienne en appui des écoles quand un enfant, qui n’a pas d’accompagnement ou de bilan posé, montre des troubles de comportement. Et peut parfois perturber la classe. Pour ne pas laisser l’enfant, l’enseignant ou la famille démunis, l’équipe sera mobilisée pour trouver des solutions.
- On travaille actuellement sur la formation initiale des professeurs des écoles. Sur la formation continue, on outille les enseignants avec la plateforme Cap École Inclusive, où ils trouveront des ressources pédagogiques pratico-pratiques et d’appui à la formation, pour faire une adaptation auprès d’un enfant ayant des troubles d’apprentissage, par exemple. Elle propose aussi une carte interactive pour trouver les personnes "ressources" à proximité, comme les enseignants spécialisés, dont le nombre double. On organise aussi des formations départementales avec à la fois les enseignants et les AESH, pour une meilleure collaboration.
- Accélérer les délais de traitement au sein des MDPH pour un besoin de compensation, quel qu’il soit. Les écarts peuvent être de 2 à 10 mois d’un département à l’autre. Ce n’est plus acceptable. Ce qui m’importe, c’est d’avoir un impact sur la vie des familles.
- Cette acceptation, elle est encore sous la forme d’un "oui, mais". Il faut travailler sur l’école, mais aussi dès la crèche. L’école inclusive, c’est le creuset de notre société inclusive. Il faut qu’on s’acculture à la différence pour que chacun trouve sa place.
- Ces angoisses de rentrée, je les ai vécues pendant dix-huit ans ! Ma connaissance des attentes des familles est un réel aiguillon. Elles doivent être au cœur de nos décisions. La société est en train de changer, car le handicap est l’affaire de tous aujourd’hui. Même si cela n’avance jamais assez vite pour une famille en attente de solutions…
Attendons de voir si cette année sera une grande année de rentrée scolaire pour les enfants en situation de handicap, ou, si les effets d'annonce reste un coup de communication.